Nouvelle connaissance

Voilà mon biquet ça te plait ? Notre nouvelle maison Smile

OH MY GOD ! Oui c'est le cri que j'ai du faire quand je l'ai vu sur le pas de la porte de mon loft... De qui je parle ? De Jun Ho bien sûre... Qui c'est ? Revenons quelques années en arrière, 5 plus précisément.

Je l'avais rencontré lors d'une soirée en ville, il était accoudé au bar et j'avais envie de m'amuser plus que de raison ce soir là, j'avais le feu en moi et j'étais décidée à faire craquer quelqu'un, je ne savais pas encore qui, ni comment mais l'idée était là. Mon truc dans ses moments là c'est de bouger dans la boite, faire mes yeux de biches et neuf fois sur dix ça marche et là ça n'a pas rater, j'ai attirer l'attention d'un type qui devait bien avoir trente ans, ouille, un peu trop âgé pour moi, je fais pas encore dans le social non mais ! Je continuais à faire mon petit tour d'horizon et c'est là que je le vis, il étais pas mal, un peu commun mais il dégageait quelque chose de très attirant, encore aujourd'hui je ne m'explique pas vraiment ce que c'était, toujours est-il qu'il fallait qu'il m'aborde et me paye un verre, c'était bien la moindre des choses. Je décidais donc de l'aborder.

" Salut, plutôt sympa cette soirée, n'est ce pas ? "

Il me regardais bizarrement, comme si il avait vu un extra-terrestre, je me regardais donc de la tête au pied, je sortais mon miroir de mon sac, rien ne dépassait, tout était en place, je ne comprenais donc pas le pourquoi d'une tête pareille. Finalement il se décida à bouger les lèvres et pu me répondre.

" Oui, pas mal, quoique je m'ennuie un peu "

Ce sont sur ces mots que finalement nous avions engagés la discutions et de rencontre en diner nous étions rester ensemble 3 ans, c'était vraiment une très bonne relation mais qui n'aurait pu aller plus loin ne serait-ce que parce que je m’ennuyais à force, la fidélité non ce n'étais pas pour moi. Toujours est-il qu'aujourd'hui, 2 ans après notre rupture, il était là, devant moi, avec un journal en main, ses yeux toujours aussi profond et son visage toujours aussi angélique.

" Euh... salut ! Qu'est ce que...... tu fais là ? "

Déjà devant l’immeuble, j’aurais dû me douter d’un truc. La façade nickel, tour résidentielle de standing, rien qu’en rentrant dans le hall, j’avais l’impression d’entrer à Narnia. C’est que j’étais un habitué des piaules un peu pourries, moi. Je baissai les yeux sur la petite annonce dans le journal pour vérifier l’adresse, mais c’était bien là. Bon. Faut dire que la photo donnait le ton, j’aurais dû m’en douter. Je savais d’avance que j’aurais jamais les moyens de payer un loyer ici, mais maintenant que j’étais là, autant faire le tour du proprio et me prendre deux minutes pour un riche ! Ainsi donc je sonnai à la porte, regardant autour de moi et bougeant la tête au rythme d’une musique imaginaire en attendant qu’on vienne m’ouvrir.

Le « on », il ne me fallut pas plus d’une demi-seconde pour la reconnaître. Et à voir sa tête, la surprise était totale pour elle aussi. Ah ben ça alors, Shim Hyeo Min en personne ! Ca m’apprendra à foncer la tête baissée sans regarder qui a publié l’annonce. Cette fille, je suis sorti avec pendant trois ans, et c’est long, quand on y pense. La belle et la bête, qu’ils nous appelaient, au lycée. Faut dire que c’était une vraie princesse à l’époque.

Après un blanc, elle parla la première. Aha. Ce que je faisais là. J’agitai vaguement le journal sous son nez avant de répondre :

« Ben tu sais, la petite annonce… pour une colocation… »

Non, mais c’était trop dément comme situation ! Ca avait été tellement simple de se perdre de vue, parce qu’après tout y’a que dans les séries télés que des ex restent bons copains. Non, nous deux, ça s’était terminé dans les règles. Je crois bien qu’elle m’avait largué, d’ailleurs… Sans rancune, hein, mais du coup, on s’étaient naturellement perdus de vue, entre les études et tout le reste. Alors pourquoi on se retrouvait dans cette situation aujourd’hui ? Je croisai les bras et m’appuyai contre un mur.

« Ecoute, euh, c’est assez bizarre. Je sais pas si tu te vois vivre en coloc avec moi, mais de toute façon, je pense pas que j’aurais pu payer le loyer ici alors… je peux partir si tu veux. »

Nouveau blanc. Des tas de souvenirs qui se jettent sur moi comme des hyènes sur une carcasse. Je pense qu’on peut dire que je la connais bien, sûrement mieux que beaucoup d’autres. Mais ça fait lourd, comme passé. Je nous voyais mal le matin au petit dèj à discuter du bon vieux temps devant un café… ou bien si ? L’eau avait coulé sous les ponts et en ce qui me concernait, je n’avais aucun problème avec elle…

Je n'en revenais toujours pas, j'ouvre ma porte et le voilà, cela me ramenait tant de souvenirs, je ne savais pas quelle attitude adopté, devais-je lui dire d'entrer ? Le renvoyer ? J'étais complètement perdue, cela faisait si longtemps et d'un autre côté j'étais tellement heureuse de le revoir, intérieurement même si je l'avais largué je voulais qu'on reste amis, malheureusement les circonstances ont fait que l'on s'est perdu de vue et j'avoue que le revoir faisait naitre un sentiment fort en moi que je ne savais découvrir. Finalement, vu la situation je ne pouvais le laisser sur le pas de la porte, je lui proposai donc d'entrer, on pourrait parler de tout et de rien et rattraper le temps perdu, puis devenir colocataire pouvait être marrant.

" Entre, je t'en prie, fais comme chez toi "

J'allais préparer un café, un cappucino, j'adorais cette boisson, j'en étais dingue. Je lui proposai de s'assoir dans le divan et me dirigeai vers la cuisine ouverte qui donnait dans le salon, de là je pouvais continuer de lui parler sans être interrompue par le mur, ce qui rajoutait un plus à la convivialité. La discutions portait sur tout et rien, que fais tu ? Es tu célibataire ? Quelle orientation d'étude?...; Tant de choses me venait en tête tandis que le café se préparait, je sortais quelques gâteaux que j'avais fait 1h avant.

" Et donc, tu as envie d'habiter avec moi ? 'Fin moi je n'y vois pas d'inconvénient "

Bon, apparemment la situation n’était aussi tendue qu’on aurait pu le croire. Hyeo Min s’écarta pour me laisser passer, me priant d’entrer d’un simple :

« Entre, je t'en prie, fais comme chez toi. »

Vraiment vachement accueillante. Mais enfin, je n’étais pas encore tout à fait chez moi, quand même. Pendant qu’elle s’affairait dans la cuisine pour faire du café, je m’avançai dans l’appartement, le nez en l’air. Y’a pas à dire, c’était à la hauteur de la personne qui le louait. Un duplex luxueux, lumineux, où on avait largement la place de vivre à deux. En fait, ça correspondait tout à fait à Hyeo Min. Un vrai palace pour une vraie princesse. Et bien sûr elle n’avait pas à s’embarrasser de choses telles qu’un loyer élevé. Plutôt pas mal ! Je me retournai vers elle comme elle engageait la conversation. Oui ça va. Ouais, je suis célibataire. J’étudie en droit, toujours, et ça marche plutôt bien. Et toi ? Ah oui, je vois… bref, des banalités, le genre de discussion qu’on avait jamais, avant.

« Et donc, tu as envie d'habiter avec moi ? 'Fin moi je n'y vois pas d'inconvénient. »

Je laissai échapper un petit rire et me tapotai la nuque avec mon journal replié. Si j’en avais envie ? Pas particulièrement, mais je n’étais pas contre non plus, de toute façon tout était mieux que squatter le canapé d’un copain ou dormir dans une laverie ou un fast-food ouvert h24. Je finis par hausser les épaules et m’assis sur son canapé à elle, ou plutôt m’y vautrai. Eh, c’est elle qui m’avait dit de faire comme chez moi ! Je regardai de nouveau autour de moi et songeai que oui, j’aurais pu vivre ici, je m’y voyais très bien.

« C’est pas vraiment que j’en ai envie, Hyeo, je savais même pas que c’était toi qui avais publié l’annonce. Mais à choisir, pourquoi pas ? »

J’esquissai un sourire malicieux et ajoutai, alors qu’elle me rejoignait avec du café et des gâteaux :

« C’est peut-être une bonne idée, même. Après tout, on se connaît déjà, et on connaît aussi presque tout l’un de l’autre, les petites manies, les habitudes, tout ça… »

C’était toujours mieux que de faire une colocation avec un pur inconnu, non ? Même si c’était certes bizarre.

Je pouvais sentir le mal aise de Jun Ho, peut être plus par le fait que ce loft soit si beau et luxueux que par le fait de le partager avec une ex. Moi ça me ferait de la compagnie et puis apparemment lui était en droit et j'étais en médecine, un bon mélange.

" Ok, pas de soucis, eh bien tu emménage quand tu veux, pour ce qui est du loyer ne t'en fais pas, tu payeras quand tu sauras et je te confie un petit secret, ici il n'est pas très cher, parce qu'en fait l'immeuble appartient à mes parents donc loyer minimal pour leurs filles chéries "

Je lui fis un clin d’œil et regardais ma montre, mon dieu, déjà 15h, que le temps file, j'avais quelques courses à faire et un tailleur à aller chercher au pressing, peut-être qu'il m'accompagnerait. Mais d'abords lui faire faire le tour du propriétaire, ça me paraissait important pour qu'il se sente déjà chez lui. Tout cela m’excitait au plus au point, ça ne pouvait être que drôle.

" Après la visite, j'ai des courses, si tu veux venir avec tu es le bienvenu, à moins que tu ne préfère te reposer ici, ou bien ce que tu veux, je ne sais pas dit moi ".

ADMINISTRATRICE ♥

Alors que la grisaille qui s'abat sur la ville de Séoul semble miner le moral des habitants de la capitale et des touristes qui espéraient pouvoir en revenir avec des souvenirs ensoleillés, une jeune femme semble ignorer tout cela. Marchant souplement dans la rue, se regardant de temps à autre dans la vitre des magasins pour vérifier son allure, comme si rien ne l'atteignait...! Cette jeune adulte que vous pouvez apercevoir, vêtue d'un tailleur à la fois jeune, classe et sexy, c'est moi ! Ne croyez pas que je suis présomptueuse. Certes, je renvoie une image de moi glaciale, car c'est ma manière de me protéger. Malgré tout, vous devez vous demander pourquoi je m'inspecte furtivement en plein milieu de la foule, non ? Vous ne savez faire que ça, vous autres " les gens ". J'esquisse un petit sourire narquois sur mes lèvres. Vous vous permettez de me juger sans avoir connaissance de la moindre petite parcelle de ma vie. J'ai retrouvé ma jeunesse, je me sens capable de pouvoir prendre mon envol, de saisir toutes les occasions que j'ai évité de voir, par peur que cela ne plaise pas à mon entourage. Je vais les saisir à bout de bras, sans m'essouffler,parce que j'ai la jeunesse de mes vingt ans et la connaissance de la vie de la femme de cinquante ans que j'ai été. Rien ne peut plus m'arrêter. C'est donc la raison pour laquelle je suis entrée dans cette capsule blanchâtre et froide, aveuglée par ces néons effrayants qui ressemblaient à ceux d'une salle d'opération. Je me suis allongée, mes yeux se sont fermés sur l'image de mes jumelles, j'ai senti une larme glacée venir se figer sur mes joues brulantes. Lorsque je me suis réveillée, mes muscles étaient rouillés par ce long moment durant lequel j'ai voyagé, mais j'ai récupéré ceux de ma jeunesse. J'ai directement été chez mes parents, une fois mes papiers en main. J'avais eu la ferme intention de m'inscrire dans la section que je le voulais et d'aller dormir dans un dortoir libre à l'université. Tout cela s'était réglé plus ou moins facilement. Je suis rentrée en conflit avec mes parents, en particulier ma mère mais elle n'était plus de taille contre moi. J'ai donc quitté la maison aussi sec, dès que les formalités furent réglées, ce qui ne prit étrangement que très peu de temps. Malheureusement, il n'y avait plus de dortoirs disponibles. J'ai donc fait une petite annonce: je me devais de trouver un toit pas trop cher. J'ai trouvé une petite annonce pour un appartement à quatre, ce qui fatalement, fit baisser le prix du loyer d'une manie considérable. Même si je n'aime pas être entourée, appréciant mon petit espace vital, j'ai accepté, je n'avais pas le choix. Voilà comment je me retrouve dans la rue, en direction de la charmante rue dans laquelle je vais à présent habiter, tout en tirant derrière moi une valise faisant le double de mon poids...! Bon, j'exagère mais vous voyez le tableau.

Enfin, je ne suis pas mécontente d'être arrivée. Je reprends mon souffle avant de chercher mes clefs dans mon sac. Une fois que j'ai réussi à les extirper, je les enfonce profondément dans la serrure. Je rentre dans le salon tout en lançant poliment à l'égard des deux personnes qui se trouvent déjà là:

" Bonjour, je suis Shim Young Nae. " je me stoppe net, je suis tellement choquée que ma mâchoire se tend toute seule...même si cela fait longtemps...je le reconnais...Jun Ho...! Le seul homme qui me plaisait réellement par le passé, quand je n'étais pas encore avec Matt. Mais lors d'un voyage, il m'annonça qu'il voulait devenir policier. Vous me direz que je suis bête, que tous les policiers ne sont pas comme celui qui a tué et violé ma soeur qui n'était encore qu'une adolescente à l'époque, néanmoins, ils se cachent plus ou moins tous derrière le masque de justicier donné par leur fonction et cela me répugne. Je l'ai donc évite et il n'a pas beaucoup insisté pour me revoir. Je ne devais pas être précieuse à ses yeux. Je ne l'ai plus vu depuis une vingtaine d'années, ou quelques mois si on considère que je suis de retour en 2020. Pourtant, son visage et son corps me reviennent en pleine face..., tout comme cette nuit où ce qu'il me dit sur ses rêves d'avenir fit éclater mon coeur en morceau. Je rejette mes cheveux derrière moi, détournant ma tête de lui. Mon coeur me rentre dans la cage thoracique.

HJ: Je me suis permise de m'incruster vu que j'ai accepté la proposition de Hyeo d'être votre colloc, Young Im va nous rejoindre aussi normalement! J'espère que cela ne vous dérange pas. Et vu que je reprends mon lien du début avec Young Im, je me suis dit que j'en ferai de même avec toi Jun Oh mais alors, cela voulait dire qu'ils ne se connaissaient pas encore et, étant une grosse sadique avec mes persos, je trouvais ça tripant qu'ils se connaissent déjà pour se revoir dans de pareilles circonstances. J'espère que ce que j'ai écrit te convient, sinon on en reparle ! <3

Elle est magnifique, de longs cheveux bouclés, un regard de biche, une bouche à tomber, de qui je parle ? De la fille qui vient de faire irruption chez moi, j'avoue ne pas réellement comprendre ce qu'elle fait là, je ne la connais pas, je ne l'ai jamais vue, je ne suis pas proche d'elle, en voilà un mystère. Je ne devais pas être la seule à me poser des questions vu l'air de Jun Oh. Je me levais donc, alla à la cuisine, pris une 3ème tasse de café et en servis à cette Young Nae, vu son air fatigué elle en avait bien besoin.

"Un petit remontant ? "

J'hésitais à lui offrir du soju, après tout vu qu'elle venait de s’affaler sur mon divan, valait peut-être mieux pas. Je lui tendais un petit gâteaux et commençais la conversation, des banalités.

" Et donc ? Tu viens pour ? L'appartement si je comprends bien, je veux dire au vu de ta valise "

Je lui fis un sourire, décidément cette annonce avait rameuté les foules, y avait-il encore d'autres personnes qui allaient apparaitre ? Où était-on au complet, j'avoue que je ne savais pas vraiment sur quel pied dansé, ne serait-ce que pour le litrage de café à faire et s'il fallait prévoir d'autres gâteaux. D'ordinaire je n'aurai pas vraiment été une femme d'intérieur mais je savais faire preuve de savoir vivre.

J'en étais encore à chercher comment me comporter avec Hyeo que soudain, la porte de l'appartement s'ouvrit et qu'apparaissait Young Nae. Si j'avais pas déjà été assis sur le canapé, j'en serais tombé par terre. Est-ce que c'était un cauchemar ? Tout d'un coup, le bel appartement et la colocation m’apparaissaient beaucoup moins attirants. C'était déjà une idée bizarre de vivre au quotidien avec une ex, même si les années avaient passé, mais en plus, voir Young Nae tous les jours...? Parce que c'est bien de ça qu'il s'agit, n'est-ce pas ? A la façon dont Hyeo l'accueillit, je compris que la colocation était une affaire de plusieurs personnes, et pas seulement de deux. C'était trop beau, aussi, un aussi grand appartement pour Hyeo et moi... Dans mon esprit, le coté pratique de la chose prit le dessus pendant quelques secondes. Plus on était de fou et moins le loyer serait élevé, ce qui m'allait parfaitement, parce qu'en attendant, moi, j'étais plus ou moins à la rue. Puis mon moment de grâce s'évanouit et je me retrouvai de nouveau devant la terrible vérité.

A ma droite, Hyeo, la princesse de mon adolescence, la fille que je fréquentais tous les jours en attendant qu'elle me largue, parce que je savais déjà à l'époque qu'il lui fallait plus que moi pour la retenir. A ma gauche, Young Nae, avec qui ma dernière rencontre remontait à quelques mois, sur cette île paradisiaque, cette plage au soleil couchant, le lieu et le moment parfait pour ce que je je comptais lui dire... Mais tout s'était mal fini. Il avait suffi que je lui parle de mon rêve pour qu'elle s'enfuit en courant, et depuis, elle m'avait si bien évité que j'avais fini par abandonner. Ça n'était pas vraiment mon genre, mais d'habitude, les gens ont un problème avec moi. C'est plus facile de faire des compromis sur sa personnalité, être moins collant, appeler plus, dépenser moins, ce genre d'ajustement. Mais mon rêve, il n'était pas question que je l'abandonne. Je ne vivais que pour ça, et j'étais sûr que Young Nae avait un problème avec ça, aussi étrange et inquiétant que ce soit.

Finalement, je me levai, posai ma tasse de café sur la table basse et me tournai vers Hyeo Min.

« On attend encore du monde, pour la colocation ? »

Je préférais savoir à l'avance, histoire d'éviter les mauvaises surprises... encore que je voyais mal ce qui pouvait arriver de pire, à présent. A voir la réaction de Young Nae, elle n'était pas plus à l'aise que moi.

« Bon, pour ce que ça vaut, je pense pas rester ici très longtemps. Juste le temps de trouver un autre appartement. De toute façon le loyer est trop élevé ici. »

Je jetai un coup d'oeil entendu à Hyeo Min. Même si le temps avait passé, elle devait bien se souvenir de ces soirées où elle avait dû payer la moitié de nos sorties à ma place, tant j'avais jamais d'argent sur moi alors que le sien débordait de son porte-feuilles. J'avais beau dire, il se passerait sûrement du temps avant que je trouve un autre endroit où vivre. Mais c'était tout ce que j'avais trouvé comme solution pour essayer de détendre l'atmosphère.

Je comprenais la réaction de Jun, le pauvre revoir deux "fantômes" du passé ce ne devait pas être évident, pour moi cela paraissait normal, le temps avait fait son office et même si les souvenirs étaient encore présents pour moi il apparaissait clairement que c'était mon ami et je me faisais un point d'honneur à ne pas mettre mes amis en situation délicate, par conséquent le voir reprendre la route de la rue était hors de question et puis il s'y ferait à la la longue on avait déjà vu pire..... quoique. J'avais très envie d'en savoir plus sur cette Young Nae, elle apparaissait gentille et sincère, honnête même, peut-être trop qui sait, pour l'heure je me devais de répondre à la question posée.

" Euh... Je ne pense pas, enfin, l'annonce ne stipulait pas un nombres limités de places mais j'espère ne pas voir débarquer tout Séoul et ses alentours, sinon, oh my god ! Je manquerai de café et de gâteaux "

Je ris, cela valait le coup de lâcher une petite boutade pour détendre cette atmosphère déjà lourde et chargée et puis pour me supporter il fallait avoir de la répartie et savoir plaisanter, ce que je savais déjà de Jun Oh mais un peu moins de sa "compagne", je n'allais pas tarder à le savoir de toute façon.

" Comme je l'ai dit pour le loyer, vous en faites pas, on s'arrangera, en attendant je suis très contente de vous voir, je pense qu'on va bien s'amuser et puis je me sentais vraiment seule ici, on fêtera ça avec un grand buffet."

J'étais très enthousiaste

" Bien entendu vous êtes tous conviés..... A m'aider "

Je rigolais de plus belle et resservis une rasade de café à mes invités, enfin à mes colocataires.

ADMINISTRATRICE ♥

Vous avez déjà eue l’amère sensation que tout pouvait basculer si vous passiez le seuil d’une porte ? Et bien, ce fût mon cas. Je ne me doutais pas un seul instant de la personne que j’allais avoir en face de moi. Néanmoins, un pressentiment m’avait agrippé le cœur. Vous pouvez ne pas croire en la prémonition qui nous vient des énergies lorsqu’elles communiquent avec nous, mais en tous les cas, la coïncidence qui frappe cet appartement relève également du surréalisme alors tant qu’on y est, pourquoi ne pas évoquer le simple sujet d’un quelconque ressenti prémonitoire ? Quoi qu’il en soit, le jeune homme qui se trouve en face de moi s’appelle Jung Jun Ho, et ce fût la première personne dont j’aurai voulu nier l’existence en revenant trente ans en arrière. Pourtant, mon cœur fait un violent bon en avant, comme s’il était joyeux. Qu’est-ce qu’il lui arrive celui-là, à semer le doute dans mon esprit ? La surprise m’a littéralement coupée les jambes. Je n’ai pas eu le temps d’ouvrir la bouche pour continuer ma présentation que je me suis affalée sur ce canapé qui n’est même pas le mien. Par chance, une jeune demoiselle extrêmement belle m’a apportée un café tout en me souriant et en me demandant si je ne voulais pas un petit remontant. Cette fille est une perle comme on n’en fait plus, elle a le sens de l’hospitalité. Je crois qu’on va bien s’entendre toutes les deux. Je saisis la tasse fumante et souffle légèrement dessus avant d’en prendre une gorgée tout en fermant les yeux :

« Aaaah ça va mieux. Merci. »dis-je en laissant échapper un petit sourire, ce qui est inhabituel me concernant, sauf dans les situations où je me trouve avec des personnes que je connais. C’est le cas pour Jun Ho mais c’est justement sa présence qui ne me rend pas à l’aise. Je tends à la jeune femme un petit ballotin de chocolats. Je ne cherche aucunement à me faire des amis, cependant arriver dans un endroit qui n’est pas le mien me pousse à être polie. C’est la bienséance qui le veut et je suis à cheval sur certaines règles de savoir-vivre, qui sont, selon moi, la base d’une société quelle qu’elle soit.

« Je viens donc pour la colocation. Veuillez m’excuser, je suis un peu fatiguée. »alors que je voulais me lever pour demander où était ma chambre afin de m’y rendre pour ranger mes vêtements et en profiter pour faire le point, la voix de Jun Ho parvient à mes oreilles. J’en tressaille. L’entente des mots qu’il vient de prononcer me chavire le cœur. Je voudrais me lever et lui en coller une, mais je ne bouge pas d’un poil. Je me contente de croiser les bras après avoir posé le contenant de la boisson chaude qu’une charmante demoiselle m’a offerte quelques instants plus tôt. J’assassine Jun Ho du regard en lui faisant un petit sourire en coin :

« Au fait mademoiselle, ne vous en faites pas, je ne m’enfuirai jamais s’il y a un souci entre coloc’. Je n’aime pas beaucoup les gens qui n’ont pas le courage d’affronter les autres. »après avoir glissé cette petite pique sans non plus dévoiler le fait que nous nous connaissons, ce qui serait dramatique vu que je ne connais pas celle qui m’a tout l’air d’être notre logeuse, je reprends une gorgée de café :

« Ce jeune homme a raison : nous sommes combien, juste trois ? Je ne trouve pas que le loyer soit très élevé si nous sommes déjà trois, et d’autres vont peut-être arriver donc… Et pour les gâteaux, on peut s’arranger : c’est moins cher que le loyer. »dis-je en lançant une petite vanne. Je lance ensuite tout en me relevant :

« Si tu as besoin d’aide, je ne suis pas contre. On pourrait aller faire des courses toutes les deux et cuisiner, non ? Je me débrouille ! En revanche, pourrais-je me retirer quelques minutes dans ma chambre pour aller vider ma valise ? »je ne sais même pas si je vais la partager avec quelqu’un. Pour le moment, je me contente d’articuler un« merci »»accompagné d’un petit sourire forcé.

Une fois seule dans ma chambre, je m’affale sur le lit à droite et je me prends la tête entre les mains. Que se passe-t-il. Je hisse ma valise sur mon lit pour commencer à déballer mes petits habits lorsque…

hj: Désolée, c'est court ! T_T

HJ: OMG t'appelle ça court ? Aahahah qu'est ce que je dois dire T_T Nan c'est parfait Smile

J'aime beaucoup ^^

Manifestement j'avais eu l'annonce heureuse en accueillant mes 2 nouveaux colocataires, un mec intelligent et une fille belle et drôle, c'était un peu le paradis sur terre et puis elle était vraiment polie, ce qui manquait beaucoup sur cette petite terre. Je ne pouvais m'empêcher de sourire niaisement, que m'arrivait-il ? Moi qui d'habitude suis si douée pour foutre la zizanie voilà que je deviens comme toutes ces femmes au foyer qui servent des petits gâteaux et du thé, sauf qu'ici c'était du café, je ne me reconnaissait pas.

Je me levais et passa devant le miroir entre la cuisine et le salon et pris un instant pour m'y regarder, étais-ce moi ? Ce bond dans le passé m'avait-il à ce point changé ? Normalement on ne devait pas être différent et pourtant je ne voyais qu'une inconnue dans ce miroir et si mes souvenirs sont bon, je ne devais pas être seule bien longtemps, je devais mettre la main sur mon futur mari, mais jamais il n'avait été question de colocation et surtout pas avec mon ex ! Décidément ce retour vers le futur était bien étrange, je serrais mon poing et le dés-sera aussi vite, je me tournais vers Young Nae et lui fit un hochement de tête à ses propositions, vraiment très gentille cette petite.

" Oui, bien sûre, tu es ici chez toi, je vais te montrer tes appartements, tu verra, c'est assez lumineux et on y est bien. Prends le temps nécessaire pour tes affaires ne t'inquiète pas. Pour ce qui est du repas de ce soir je vous invites au resto, pour fêter notre emménagement "

Je laissais Nae s'installer dans sa chambre et revint près de Jun Oh

" Vraiment charmante ta copine "

C'était un vrai numéro, dans cet appartement. La pauvre Hyeo savait pas dans quoi elle s'était embarquée avec des colocs comme nous. Encore que je lui faisais confiance pour ne pas se prendre la tête avec ça. Il n'y avait qu'à la voir jouer les maîtresses de maison tranquille, suivant nos échanges indirects, à Young Nae et moi, comme on suit un match de ping-pong. Mais toujours très classe, à la Hyeo Min, quoi. Après tout ça n'était pas les problèmes des autres qui allaient l'atteindre. Elle avait bien raison, de ce point de vue-là. C'était tout le contraire avec Young Nae. Pour quelqu'un qui s'était autant appliqué à m'éviter, aujourd'hui elle me rentrait carrément dedans, et avec la manière, en plus. Pour un peu j'en aurais ri. Cette cohabitation allait s'avérer splendide. Je résistai à l'envie de lui répondre en face que de nous deux, c'était elle qui avait fui, elle qui n'avait pas eu le courage de m'affronter, moi. De nous deux, c'était elle qui était partie en courant sur cette plage et moi qui étais resté planté là à essayer de comprendre ce qu'il venait d'arriver. Mais non, c'était trop tôt pour ce genre de confrontation. Sinon, elle n'aurait pas réagi ainsi.

Je me contentai de soupirer et de me vautrer un peu plus dans le canapé, les mains croisées derrière la nuque, à rêver que cette situation n'était qu'un mauvais rêve. Forcément, ma fierté me poussait à accepter de vivre ici. Mais ça voulait dire aussi laisser Hyeo "s'arranger" avec le loyer, c'est à dire payer une bonne partie du mien. C'est pas comme si elle était pas habituée, avec moi. Mais ça, c'était pas bon pour ma fierté. Alors, alors ? Rester et ne pas perdre la face avec Young Nae, mais se faire entretenir par Hyeo Min ? Grande idée...

Je regardai Young Nae se diriger vers sa chambre. Besoin de reprendre ses esprits, peut-être ? Au moins, elle avait réagi. Elle avait été aussi suprise que moi en me voyant, elle m'avait balancé des piques, bref, c'était une amélioration par rapport à la façon dont elle m'évitait carrément avant. Ca voulait bien dire que je lui faisais de l'effet, même si c'était négatif. Aha ! Quand Hyeo revint, je lui adressai un sourire, puis éclatai de rire en entendant ses paroles.

« Charmante, oui, c'est le mot. Mais c'est pas ma copine, pas même une amie, enfin plus maintenant. Peut-être même qu'elle l'a jamais été. »

J'ajoutai un haussement d'épaules à cette explication confuse et la tirai par le poignet pour la faire asseoir à coté de moi. Tout d'un coup, et en comparaison de Young Nae, Hyeo me paraissait être la plus sympathique opportunité des deux. Elle et son masque de froideur, et sa façon de ne jamais se laisser désarçonner par rien.

« Tu sais que ça va pas être rose tous les jours, la cohabitation, ici, ça te dérange pas ? »

Je me laissais faire par Jun Oh, certes la cohabitation serait difficile mais j'aimais les défis et puis j'avais l'avantage de le connaitre par coeur, de savoir tout ses secrets même les plus sombres et cela s'avérait être avantageux. Puis ce n'était pas banal de cohabiter avec son ex, ça rajoutait même une dose pimentée à la vie. C'est vrai que je n'avais plus vraiment de vie sociale pour l'instant, j'avais fort à faire pour réussir mes examens préparatoires en médecine et avoir de la compagnie me ferait le plus grand bien, d'autant que Young Nae semblait vraiment gentille et serviable.

" Et toi ? Tu me connait, tu sais comment je suis, cela ne t'effraye pas ? "

Je pouffais de rire et lui fit un savon sur la tête avant de me lever et de ranger un peu le salon où germais les tasses de cafés.

" Si tu allais chercher tes affaires ? Elles ne vont pas emménager toutes seules "

J'éclatais de rire de plus belle et mis tout au lave-vaisselle, très pratique en cas de fortes affluences et j'avais la sensation qu'il n'aurait jamais aussi bien été amortis que maintenant.

" Au fait, tu veux manger où ce soir ? Je vais aussi poser la question à Young Nae quand elle arrivera "

ADMINISTRATRICE ♥

Les filles ont beau ne pas être en reste en ce qui concerne le fait de faire des saloperies amoureuses aux mecs, ces derniers sont tout de même imbattables en la matière. Je suis peut-être un peu dure d’avoir cette idée à l’esprit alors je rectifie : les hommes ont leur propre manière pour blesser l’autre, et cela, je n’avais pas besoin de M. Jung pour m’en rendre compte. Celui-ci vient néanmoins d’avoir une réaction qui confirme ce que j’ai pensé de lui : il n’est pas le dernier pour lancer quelque chose de blessant, que cela soit pris sous l’angle de « Je n’ai jamais été son ami » voire « Je n’ai jamais rien ressenti pour elle. » car dans le même cas, cela revient au même que s’il disait « Young Nae n’est rien, elle est invisible. » ! S’il savait à quel point les autres n’ont pas arrêté de me faire des réflexions concernant le simple fait que je ne vaux rien, il…non, cela n’aurait rien changé, ou alors cela n’aurait fait qu’empirer la situation. Ah, il a bon dos le petit qui se veut justicier mais qui n’arrête pas de lancer des phrases digne d’un sadique. Qui est-il ? Il se la joue parce qu’il est plutôt mignon et « intelligent » ? J’en ai ma dose de lui. Je voulais quitter la maison de mes parents pour quitter tous les jugements extérieurs qui pouvaient me pourrir et me détruire alors que je tente de me reconstruire, même si vivant en société, l’être humain finit par « devoir » s’habituer aux critiques et regards méprisants en tous genres. Mais concernant mes parents, c’est une autre histoire… ! Moi qui suis devenue quelqu’un de stoïque et qui me suis promise de devenir une sorte de « beauté glaciale », je reste figée sur place. Mes yeux s’embuent d’un filtre grisâtre aux reflets bleus, à moins que ce jeu de couleur ne se soit inversé. Mes muscles se tendent tous seuls à cette vision. Certes, il m’avait plu dans le temps mais j’étais certaine que cela n’était pas réciproque. Malgré tout, je m’étais mise à espérer comme une imbécile, et voilà que cela me reprenait.

Le vestibule dans lequel je me trouve est curieusement mal chauffé. C’est du moins ce que j’en déduis en vue de la chair de poule qui recouvre mon corps. Je vérifie que mes yeux ne deviennent pas des cascades ambulantes mais je n’arrive pas à enlever ce micro filme qui recouvre mes blocs oculaires. Peu importe, l’éclairage doit être trop intense. Je réapparais donc avec un grand sourire :

« Si vous voulez vous sauter dessus, évitez peut-être de le faire quand je suis dans la pièce d’à côté. Je peux compter sur toi Hyeo Min ? » j’enchaîne directement, ne leur laissant pas le temps de réagir, n’octroyant donc aucun moment de répit à mon propre cœur :

« Ravie que tu sois lucide concernant notre relation Jun Ho. Après tout, nous ne nous retrouvons que sous le cadre d’une collocation. Pas la peine de redevenir super potes non plus. » je tends un petit livret à Hyeo Min :

« Ce sont toutes des adresses de restos que j’aime bien si cela te dit. » je n’ai jamais été autant bavarde. Young Nae, tu ferai tellement mieux de fermer ta gueule par moment. Mon cœur bat très fort comme s’il voulait hurler, arrêter de tout prendre sur lui et de se taire. Une espèce de venin se répand dans ma cage thoracique. Je n’en peux tellement plus que je me vois obligée de faire demi tour pour aller chercher quelque chose dans ma chambre ! Enfin, ma tête a envie de partir, mais mes jambes sont trop molles pour parcourir un tel trajet. Je m'assois donc sur le fauteuil qui se trouve en face d'eux, en cachant mon visage encore sec derrière un magasine.

Le ton sarcastique de Young Nae me surpris, finalement elle n'était peut-être pas aussi douce et fragile que je ne le pensais, ceci n'était peut-être qu'une apparente façade pour se protéger d'un mal plus grand, enfouis au fond d'elle, un mal dont elle n'avait peut-être pas réellement conscience non plus, on était peut-être plus proche qu'on ne le pensait, comme moi elle semblait refouler quelque chose. Vu le regard lancé à Jun, il me semblait clair qu'il se connaissait même si pour l'heure je gardait mes considérations pour moi, peut-être que je me faisais des idées, mais tout ceci me paraissait encore plus bizarre et malgré son sourire je sentais au ton tremblant de sa voix qu'elle avait de la peine, au fond devait-elle savoir que Jun et moi l'on se connaissait ? Que l'on étais des ex ? Que je lui avais brisé le coeur en mille morceau ?

Je ne pense pas, du moins pas pour l'instant, il fallait faire table rase du passé et avancé mais cette situation n'était pas pour faciliter les choses. Je lui rendit son sourire quand elle me donnais son livret, il n'était pas très épais mais assez pour contenir la plupart des restos de Séoul et pas les moins bons, ce qui provoqua un petit rire nerveux chez moi. Young Nae pourrait être ma jumelle si l'on n'était pas si différent physiquement.

" Eh bien tout ceci me semble parfait, vous êtes mes invités, je vous laisse donc le soin de choisir notre futur lieu de restauration "

Je me relevais pour aller à la cuisine, au vu de la mine de Young Nae, il lui fallait un remontant et probablement autre chose que du café aussi fort puisse t-il être. J'ouvris donc le bar et en sorti une bouteille de Soju, 3 verres et en servis un à Nae et un à Jun, voilà qui allait nous requinquer après tant d'émotions et détendre cette atmosphère qui décidément s’alourdissait de plus en plus.

« Bon, eh ben à notre nouvelle association ! Je suis sûr que ça va très bien se passer ! »

« Alors, qu'est-ce que tu deviens ? Tu fais toujours des études de médecine ? »

« Et toi Young Nae, quoi de neuf ? Depuis la dernière fois, je veux dire... Enfin bref ! »

ADMINISTRATRICE ♥

J'avais agrippé un magasine pour ne plus avoir à soutenir le regard de Jun Ho, mais à l'entente des cliquetis formés par des verres qui semblaient frémir entre eux, j'ai relevé le nez de ma paperasse dont je n'avais lu que quelques lignes de manière pour le moins distraite. Une boule s'était nouée entre mes cordes vocales. Je n’ingurgite que rarement des boissons alcoolisées mais il faut souligner que j'ai bien besoin d'un petit remontant. La voir déboucher une bouteille de soju me console un peu : voilà qui me fera du bien. Je regarde la demoiselle qui s'efforce de rendre l'atmosphère plus vivable. Il est sûr qu'entre une fille telle que moi qui possède un caractère de cochon et une jeune demoiselle comme elle, le choix serait rapidement effectué, n'est-ce-pas ? Je suis certaine que ces deux là se connaissent, ou même qu'ils sortent ensemble. Je ne suis pas d'humeur à vivre sous le même toit qu'un couple, c'est une chose. Mais le pire serait vraiment qu'ils sortent ensemble car Jun Ho n'est pas l'être dont j'ai envie d'entendre les rires alors qu'il serait entrain de batifoler avec une belle jeune femme telle qu'Hyeo Min. Tout cela est de trop pour moi. Je ne suis pas un oiseau fragile, est-ce une raison pour m'ignorer de la sorte ? J'ai peut-être réagi excessivement sur la plage cette nuit-là, mais j'avais le secret espoir qu'il tente de récupérer mon amitié, voire plus, par tous les moyens. Comme quoi, je suis naïve...comment ais-je pu croire une seconde de plus que je l'attirais ? Je n'ai jamais été proche d'un garçon. Là c'était le cas. Je ne voulais pas me l'avouer mais j'éprouvais pour lui une certaine attirance...après, je ne peux pas dire si elle était forte ou pas. Et m'être vue ignorée de la sorte...! Si j'avais été ne serait-ce qu'une amie à ses yeux, il m'aurait courue après, non ? Pour dire vrai, je n'en sais rien. Ma tête fait un mal atroce comme si mon cerveau bougeait tout seul dans ma boîte crânienne. Je fais un petit sourire à notre logeuse. Cela me crèverait la gorge si je devais l'avouer mais je vis sous le même toit qu'une bombe en puissance. Et moi, je suis quoi dans tout ça ? Un personnage secondaire qui n'aurait même pas sa place dans cet appartement ? Suis-je la seule à dégager une aura ténébreuse ici ? Je ferai mieux de partir. Néanmoins, je sens que cela ne résoudra rien de s'enfuir encore et encore. Tout en tenant encore la feuille de chou à l'aide de ma main gauche – ce qui, pour le coup, est loin de constituer une chose évidente -, je me saisis de mon verre de soju de ma main libre et le finit d'un trait. C'est fort,...un régal ! Sans leur demander leur avis, je me ressers un autre verre et mes joues rosissent déjà sous l'effet apparent de la boisson. Je ne dis rien. Je préfère demeurer silencieuse, c'est la meilleure des choses à faire dans ce genre de situation, non ? Je vais les laisser tranquillement papoter entre amoureux et peut-être participer un peu à la conversation au restaurant. Je me cale au fond du fauteuil en cuir, ce qui est très agréable, et je tiens encore mon magasine devant mon visage comme je le peux mais je sens ma main trembler. Je me contiens. Je vais les laisser bavarder tous les deux...oui, c'est ça. Je m'efforce donc de me faire tout discrète lorsque sa voix se met à prononcer mon prénom...! Je ne sais pas quoi lui répondre...! Il finit par un « bref », témoignant sans aucun doute qu'il n'est peut-être pas autant indifférent face à la situation qui est la nôtre comme je le croyais, après m'avoir demandé du nouveau sur ma vie...! Comme si cela l'intéressait...et pourtant, je suis contente qu'il me pose cette question...! En plus, je ne sais plus ce que j'avais fait après cet épisode, à part m'être mariée avec un enfoiré et être tombée enceinte de jumelles...je rétorque tout en envoyant valdinguer ma chevelure d'un geste adroit du poignet en baissant le magasine sur mes genoux et lui raconte la vérité. Après tout, depuis mon retour dans le passé, il m'est au moins arrivé quelque chose de positif :

« J'ai réussi à décrocher un petit boulot de danseuse. Je commence bientôt alors je vais souvent devoir m'entraîner, cela ne vous dérangera pas ? » dis-je en affichant un petit sourire. Je repose mon verre sur la table et me ressers à nouveau. Je ne me souvenais pas d'avoir déjà bu autant de verres à la suite l'un de l'autre durant cette période faste de ma jeunesse...j'espère que cela ne me portera pas préjudice...je suis déjà entrain de m'enfoncer dans le fauteuil en cuir et j'ai cruellement chaud. A un tel point que je me mets à enlever le dessus de mon tailleur pour finir par me retrouver vêtue simplement d'un petit chemisier blanc décolleté ainsi que de ma jupe cintrée et noire. Je me sentais serrée là-dedans... ! J'en profite également pour le déboutonner quelque peu...je suis quelqu'un de pudique mais bon, on va pas tortiller du cul pour chier droit hein !

" Et toi, toujours avec ce rêve de devenir policier ? "je n'en peux plus, fallait que ça sorte même si je l'ai lancé dans la conversation comme s'il s'agissait d'une banale demande de nouvelle.

1, 2, 3, rien ne pouvait arrêter Young Nae qui descendait avec facilité les verres sans pour autant en remettre aux autres et si pour certains cela pouvait passer pour de l'impolitesse, cela faisait me faisait bien rire, décidément je appréciais de plus en plus. Dévisageant la jeune femme je ne pouvais m'empêcher de me comparer et je trouvais que la nature l'avais plus gâtée, ses cheveux étaient magnifique, une superbe crinière brune qui tombait sur ses épaules, des yeux de biches à se damner et que dire de sa taille de guêpe, une bombe quoi.

En plus elle avait la taille requise pour défiler sur les podiums et ce tailleur ne pouvait que la mettre en valeur. D'ailleurs l'alcool aidant elle enlevai sa veste de tailleur dévoilant un chemisier blanc impeccable qu'elle ouvrait légèrement dévoilant le haut de sa poitrine qui avait un bien joli galbe. Non je ne suis pas lesbienne ou quoi que ce soit mais je sais reconnaitre une femme superbe quand j'en vois une et je comprenais que Jun Oh ai pu craquer ou puisse craquer enfin bref, elle pouvait éclipser sans soucis mais je ne m'en faisait pas pour autant, il y avait tant de beaux mecs qui craquaient sur moi, d'ailleurs en y repensant cela faisait longtemps que je ne m'étais plus déhanché sur le dancefloor et cela me manquait vraiment, je me disait même qu'une sortie à 3 s'imposait, puis cela pouvait aussi bien nous rapprocher et évacuer le stress ambiant.

" Bon, trinquons à l'amitié, aux deuxième chance et à l'imprévu. "

Je buvais mon verre.

" Et si ce soir, après le restaurant nous sortions en boite ? Une sortie en trio jusqu'au bout de la nuit cela vous dit ? "

J'avais à peine zappé la question de Jun Oh.

" Au fait, oui je fais toujours médecine, je suis en 5ème et je dois dire que cela se passe bien, c'est éprouvant mais ça va, il y a toujours beaucoup de concurrence et peu d'entre nous y arriveront. C'est particulièrement stressant, donc votre venue me donne un rafraichissement bien mérité "

Je terminais mon verre.

" Danseuse, c'est intéressant, danseuse plutôt "exotique" ou plus streetwear ? Ou classique peut-être, en tout cas, je veux une démonstration " dis-je en souriant tout exitée.

" Quand à toi policier, mon dieu, tu en as fait du chemin depuis..... euh... depuis.... "

Je rougis instantanément, je me sentais légèrement mal, je ne pouvais pas réellement avoué ce qu'il s'était passé et j'avoue que je ne savais pas comment rattraper le truc, je feint donc un léger mal de tête et je me levais pour aller à la salle de bain me passer de l'eau sur le visage.

Entendre Hyeo parler d'aller en boîte le soir même m'arracha un sourire, parce que vraiment, les choses n'avaient pas changé, elle était restée la même et parlait de la même façon, et se comportait sûrement de la même façon, un peu comme si rien ne pouvait l'atteindre et la faire hésiter, ce qui n'était pas le cas de Young Nae a priori. Et voilà deux filles aussi différentes que le feu et la glace, toutes deux ici, avec qui j'allais vivre, celle qui arrive tout droit de mon passé et celle qui aurait pu faire partie de mon futur. Une dans la vie de qui j'étais entré et ressorti sans qu'apparemment cela la change en quoi que ce soit, et une autre qu'au contraire j'avais à peine approché et dont la vie en avait apparemment était chamboulée. Bref, un vrai drama. Au moins, Young Nae répondit à ma question. Mais peut-être que les verres d'alcool qu'elle avalait sans faire de pause y étaient pour quelque chose... Déjà, elle avait changé d'attitude, de maintien, de façon de parler. Je savais déjà où ça allait nous mener : elle allait être bourrée dans pas longtemps. Mais ce qu'on ignorait tous, c'était à quoi Young Nae ressemblait quand elle avait trop bu. Ca pouvait être n'importe quoi. Il y en a qui s'énervent, il y en a qui gémissent, il y en a qui sont joyeux. Pendant une seconde, je fus tenté de lui dire de ralentir, ou même d'éloigner la bouteille de sa main. Mais après tout, qui j'étais pour lui faire la morale ? Et avec Hyeo et moi, elle ne risquait rien, elle pouvait bien boire autant qu'elle voulait. Au pire, Hyeo était médecin, enfin presque... En tout cas, elle pourrait s'occuper de sa nouvelle coloc', surtout si celle-ci continuait de se désaper comme elle était en train de faire. Dans pas longtemps, il allait falloir interdir la pièce aux mineurs.

Dans la bouche de Young Nae, moi qui voulait devenir policier avait une étrange résonance. La dernière fois, ça l'avait foutu en rage. A présent, elle avait l'air détachée, comme si ça ne la concernait pas. Vraiment ? Pourtant, j'étais sûr que ça faisait du problème, j'ai de l'instinct et j'en étais sûr. Mais à coté de ce que dit Hyeo... Son bégaiement me fit rire, et la voir rougir pour ça donnait enfin une idée de ce qui se cachait derrière la carapace de tranquillité et de confiance en soi. Eh oui, Hyeo Min avait aussi ses faiblesses. Comme quoi notre histoire, même si elle appartenait au passé, elle y pensait encore. Je la regardai se lever et disparaître dans la salle de bains.

« Eh oui policier, c'est ce que je veux être et c'est ce que je serai. »

Seule Young Nae avait pu m'entendre, mais après tout c'était surtout pour elle que je l'avais dit. Sans provocation, juste parce que telle était la situation. La plage, sa fuite, sa colère, tout ce qui avait suivi, aussi pénible que c'était, aussi difficile à vivre que ce soit, ça ne suffisait pas à me faire changer de rêve. Rien ne m'empêcherait de devenir policier.

Hyeo revenait et je lançai à son attention :

« Bien sûr que j'ai fait du chemin, tu crois pas que le jour où tu m'as largué a été le dernier de ma vie ! Mais c'est comme ça la vie, et toi aussi t'as bien avancé. »

Ainsi, les choses étaient claires entre nous trois. Si on voulait vraiment survivre en colocation, alors autant dès le départ être honnêtes les uns avec les autres. Pas question de vivre dans un appartement plein de mensonges et de non-dits. Et puis franchement, de l'eau avait coulé sous les ponts depuis le jour où Hyeo avait décidé que je ne l'intéressais plus. Comme à chaque fois, avec le temps, on ne se souvient que des bonnes choses et on oublie les mauvaises. Avec Hyeo, j'avais passé de bonnes années. Ensemble, on était heureux et on ne se prenait pas la tête. C'était fini, mais je ne n'étais pas du genre à lui en vouloir pour ça.