Je n’ai jamais eu une enfance pitoyable, au contraire même – malheureusement. Je suis né à Osaka, au Japon. On peut dire que je suis né avec une cuillère en argent – car l’argent est plus esthétique que l’or – dans la bouche, et j’ai été habitué à ça depuis tout petit. Oui, j’ai été habitué à la vie de famille de riche, aux règles strictes, aux professeurs particuliers, ainsi qu’à des domestiques. Je n’ai jamais réellement apprécié ce côté-là de ma vie. Mais j’aimais mes parents – bien qu’ils ne soient que très rarement à la maison, toujours à aller à des rendez-vous de la plus haute importance – particulièrement en Corée du Sud, d’où la raison de notre déménagement. Mais c’était limite ils passaient plus de temps la gueule contre le combiné de téléphone plutôt que contre celle de leur compagnon. Idiot. Enfin donc depuis tout petit j’ai été ce gosse de riche qu’on enviait, et qui pourtant n’était pas hautain. Ouais, ça m’étonnais même que mes amis que je voyais lors des réunions de riche étaient vraiment hautain avec ceux qui n’avaient pas la possibilité de s’habiller avec de la marque et tous ces trucs-là. Je n’ai donc jamais été comme ça, jouant avec tous ceux avec qui je m’entendais bien, je me fichais royalement de leur statut social. Il ne fallait juste pas que je les invite à la maison, sous peine de sanctions plus ou moins sévères de la part de mes parents. J’ai donc grandit ainsi, alliant le côté de la haute société tout en jouant avec les gamins de la rue – si on peut dire. On m’appréciait pour ça, je crois. Sauf que je n’avais toujours pas le droit de ramener des personnes chez moi, et encore moins des filles, alors que j’avais 19 ans.

Sauf qu’à cet âge-là, j’étais plus du genre à défier les règles de la maison… J’ai ramené une fille chez moi. En fait, c’était ma petite-amie depuis plus d’un an, que j’avais caché à mes parents car elle vient de la classe moyenne de la société – chose qu’ils refusent bien évidemment. Mais je crois que je n’aurais jamais dû faire ça. On a pris un bain ensemble – oui. C’était vraiment sympathique jusqu’à ce que j’entende mes parents rentrer, et ma copine qui ne se taisait toujours pas. Pour la faire taire, je n’ai eu que le réflexe totalement idiot de la faire plonger sous l’eau. Sauf que ça a duré trop longtemps, j’ai dû répondre à mes parents pendant un moment, sans capter qu’elle se débattait pour remonter et respirer. Je ne l’ai vu que trop tard. Elle ne releva pas la tête quand j’ai retiré mes mains. Elle ne respirait plus. J’ai essayé par tous les moyens possibles de la faire respirer, du bouche-à-bouche, des massages cardiaques… Rien. Je l’ai noyé. Je l’ai tué. Je ne savais plus quoi faire, je l’ai rhabillé, et l’ai amené à un lac. J’ai tout fait pour qu’on la retrouve accrochée à un branchage, de façon à ce que quelqu’un d’autre que moi appel les secours. Je ne pouvais pas partir de là, mais il le fallait.

Je n’ai pas beaucoup dormi après cette soirée qui avait pourtant si bien commencé. Cette soirée où j’avais l’intention de lui offrir un collier que je porte toujours – une aile en guise de pendentif. Je mangeais quasiment plus, je suis vite devenu une personne froide et beaucoup trop mystérieuse. Je réussissais dans ma vie, certes. Mais je n’étais pas heureux. Jusqu’à ce que je découvre cette prouesse scientifique qui nous fait remonter dans le temps. Je voulais seulement retourner à ce moment-là pour que cette soirée ne se reproduise pas. Il en est hors de question. Je veux qu’elle reste en vie, je ferais tout pour ça.