J'avais deux ans lorsque mon frère est arrivé dans la famille. Avant, je me souviens pas, mais si ça peut vous faire plaisir; je suis né en mars, le 27 de l'an 1999 plus précisément. Gosse de deux personnes fort étranges qui allaient devenir la cause indirecte de tous mes maux, je fus toujours ce truc tout maigre que je suis encore. J'héritai donc, comme dit précédemment, d'un petit frère; Ji Seok. Les premières années furent de paisibles temps. Le comportement de nos géniteurs était une chose totalement normale pour nos jeunes esprits; nous étions habitués au mode de vie assez excentrique qu'on nous avait imposé. Puis vient l'entrée dans le monde scolaire, tout doux au début, horriblement cruel au fil des années. Si j'avais au début été enthousiasmé d'enfin aller à l'école, « comme les grands », la situation prit un goût fort amer lorsqu'on se mit à remarquer mes débiles de parents. Toute école ayant bien sûr besoin d'un souffre-douleur, la chance tomba sur moi, « le fils des pas-sains ». Les insultes avaient fini par venir se frapper sur l'armure que j'avais dressée contre elles, seulement, j'étais surtout inquiet pour le sort de frérot, qui allait bientôt arriver dans ce fichu lycée où j'étais coincé.
Son arrivée ne fut pas ce à quoi je m'attendais.

Je l'avais bien sûr averti qu'on lui tomberait dessus dès son arrivé dans cet horrible endroit. Ce fut exactement ce qui se passa, railleries et coups offerts à profusion... Du moins, au début. Car il se mit à se moquer d'eux lui aussi, de mes, nos parents. Les reniant carrément toute la journée, puis osant rentrer à la maison dès que la cloche était sonnée. Je n'ai jamais supporté sa décision, allant même, beaucoup plus tard, à le droguer avant un spectacle pour le clamer toxicomane et ainsi ruiner sa si précieuse carrière... Dès la « trahison » de mon frère, je m'arrangeai pour lui parler le moins possible, tout en tentant de me faire passer inaperçu aux yeux de mes bourreaux. C'est aussi à cette époque que j'arrêtai de sourire, je crois. Esquisser quelconque signe de bonheur était une raison de plus pour me blâmer d'avoir des parents spéciaux, non? Mais peu importe, puisque finalement, la rage de cette injustice se muant en féroce détermination, j'entrepris finalement des études très poussées en physique. Je ne le faisais pas pour moi, pas du tout; je le faisais pour eux, pour le montrer que le je rejeton marteau ne l'était pas tant que ça. Je réussis à me faire une place parmi les plus grands, et un jour je me vis offrir l'opportunité d'un vie; la chance de travailler à la découverte d'un Autre monde.

Nous avons cherché, étudié et résolu des milliers de calculs. Des années durant, les nuits blanches ont été des plus fréquentes, physiciens que nous étions refusant d'abandonner, le temps de dormir, l'idée sur laquelle nous étions lancée. Nous avons réussi, bien sûr. Les gens se précipitaient tous vers cette illusion du passé qui leur permettait de réparer toutes leurs petites erreurs. Cette idée me taraudait; n'était-ce pas contre nature de renvoyer autant de gens pour qu'ils aient la satisfaction personnelle de réussir leur vie? C'était horrible... Pourquoi n'assumaient-ils pas? C'est pour ça, pour ça que je suis revenu.
Pour empêcher ma propre découverte.